La maison des Epoux Dumoulin

En 1928, le cordonnier Marcelin Dumoulin (1902) épouse l’institutrice Francine Rossoz (1905), originaire de Bagnes. La famille s’aggrandit de huit enfants : Candide (1929), Eugène (1930), Monique (1931), Anne-Marie (1932) décédée enfant, Charles (1934), Raphaël (1936), Marcelline (1938) et Maurice (1940).

Le 15 août 1942, la fratrie est placée sous la responsabillité des aînés, car les parents se rendent à l’alpage de Grieden (BE) pour visiter leur bétail. De bon matin, ils quittent la maison de Chandolin, chantent la messe au mayen de My et grimpent vers le glacier de Tsanfleuron par les Trente Pas, Miex et la Tour St-Martin. Surpris par l’orage, ils resteront prisonniers des glaces. Les recherches s’organisent grâce au curé Pierre Jean, aux volontaires et aux militaires commandés par Roger Bonvin, futur conseiller fédéral. Aucune trace des disparus. Les sept orphelins, âgés de 2 à 13 ans, sont alors séparés et recueillis par diverses familles saviésannes.

Entré dans la Congrégation du Saint-Esprit en 1957, le Père Eugène, avec sa fratrie, célèbre une messe sur le glacier en mémoire de leurs parents disparus. Inlassablement, ils sillonneront le glacier à la recherche des corps. Le 13 juillet 2017, un employé de Glacier 3000 annonce l’incroyable découverte : les époux Dumoulin, enlacés pendant 75 ans, ont été retrouvés sur le glacier. Par les médias, la nouvelle de l’été devient planétaire ! Le 22 juillet, à l’église de Saint-Germain, dans la joie et la sérénité, la famille Dumoulin, entourée de la population, célèbre enfin les funérailles, et offre la sépulture tant espérée à leurs chers parents.

Traduction littérale de l’enregistrement en patois de Savièse de Candide Dumoulin (1929-2000), en juillet 2000 :
Le 15 août, c’était la coutume de retrouver son bétail à l’alpage.
Ainsi, ils (mes parents) ont décidé de se rendre à l’alpage à l’Assomption.
Papa a dit à maman : Pour une fois, tu viens avec moi, nous passons… nous prenons un raccourci, nous traversons le glacier… le glacier de Tsanfleuron.
Et ils sont partis… nous (les enfants), nous regardions par la fenêtre. A cette époque, il y avait encore le clocher (de la chapelle) à proximité…
Et la dernière fois que nous avons vu notre père, il nous saluait… [sur la route du Sanetsch entre la Grande Maison et la Maison villageoise]
Ils sont montés au mayen de My, à la messe, ils ont passé au Pointet, les Trente Pas, aux Myé et sont arrivés à la Tour St-Martin, ils ont traversé et ils ne sont jamais plus revenus… et dès lors nous sommes orphelins, nous avons été séparés dans les familles, d’un côté, de l’autre…

Mais aussi :

Via roestica au Sanetsch, ITV de Maryline Dumoulin, 8 août 2017″